Lancé officiellement en octobre 2019, le PER apparaît petit à petit dans les catalogues des banques, assureurs, courtiers… Vous vous demandez si le PER individuel, remplaçant des contrats Perp et Madelin, est fait pour vous ? Tout dépend de votre objectif.

La création du Plan d’épargne retraite (PER) portait une ambition majeure : harmoniser et simplifier le très hétéroclite paysage de l’épargne retraite. Exit les Perp, Madelin ou autre Perco : désormais, le seul « pur » produit d’épargne retraite que vous pouvez ouvrir se nomme le PER. Mais attention, deux grandes familles de PER cohabitent : premièrement les PER collectifs, accessibles via votre l’employeur ; deuxièmement les PER individuels, dont l’ouverture dépend uniquement de l’initiative de l’épargnant.

Si vous cherchez surtout à réduire vos impôts

A l’image du Perp ou du contrat Madelin jusqu’à présent, le PER individuel est en premier lieu un placement de défiscalisation. Car chaque versement effectué sur un PER individuel est déductible du revenu imposable, dans la limite d’un plafond annuel. En réduisant vos revenus d’activité professionnelle, vous abaissez mécaniquement votre impôt sur le revenu.

Le plafond annuel de déduction – identique à celui en vigueur pour les Perp – est personnalisé selon la situation de chaque foyer fiscal. Il équivaut à 10% de vos revenus d’activité de l’année écoulée, avec un plafond maximum de 32 419 euros pour 2020. Mais si vous n’utilisez pas ce plafond une année, le montant est reporté sur les trois années suivantes. Le plus simple, pour connaître le « plafond épargne retraite » de votre foyer ? Le fisc vous précise le « plafond pour les cotisations versées en 2020 », donc pour les versements à effectuer jusqu’au 31 décembre. Si jamais le plafond n’apparaît pas sur votre avis, le fisc vous le calcule à la demande, via votre messagerie personnalisée sur impots.gouv.fr. Précision d’importance pour les indépendants : le plafond annuel du PER est supérieur pour les travailleurs non salariés, au même niveau que le contrat Madelin (1).

Attention : la présence de la mention « plafond épargne retraite » sur votre avis d’impôt ne signifie pas nécessairement que la déduction est intéressante pour vous ! Tout d’abord, une déduction fiscale n’a évidemment d’intérêt que pour les contribuables qui ont un impôt à payer. Ensuite, la déduction PER n’est généralement conseillée qu’aux ménages figurant dans les tranches supérieures de l’impôt sur le revenu : ceux dont le taux marginal d’imposition (TMI), le taux appliqué à la strate la plus élevée de vos revenus, est au moins de 30%.

Tranche de revenu par part fiscale Taux applicable pour la tranche
                                 jusqu’à 10 084 €                                        0 %
                                de 10 084 à 25 710 €                                       11 %
                                de 25 710 à 73 516 €                                      30 %
                                de 73 516 à 158 122 €                                      41 %
                                plus de 158 122 €                                      45 %

Ci-dessus le barème de l’impôt 2021 sur les revenus 2020 prévu dans le projet de loi de finances pour 2021.

Exemple, pour un célibataire avec 50 000 euros de revenus imposables en 2020, figurant dans la tranche à 30%. S’il verse 3 000 euros sur un PER, il économise théoriquement 900 euros d’impôt (30% de 3 000 euros) puisqu’il abaisse ses revenus imposables de 3 000 euros. Le gain fiscal serait clairement moindre s’il figurait dans la tranche à 11% : 330 euros pour un même versement de 3 000 euros. Et il serait bien supérieur dans la tranche à 45% : 1 350 euros de gain potentiel avec ce même versement de 3 000 euros.

Soyez aussi conscient que cette épargne ayant fait l’objet d’une déduction au moment du versement sera imposée à la sortie, à l’âge de la retraite. Déduire les versements revient donc à faire un pari fiscal : réduire aujourd’hui votre impôt, pendant la vie active, lorsque vous êtes théoriquement le plus fortement imposé ; pour retirer progressivement ce capital à la retraite, quand vous serez moins fortement imposé.

Si vous cherchez surtout à épargner pour la retraite

Le principal motif pour ouvrir et verser sur un PER est donc de réduire le revenu imposable, pendant la vie active. En outre, le grand avantage du PER individuel vis-à-vis de l’ancienne génération de placements d’épargne retraite (Perp, Madelin…) est sa souplesse à l’heure de la retraite : vous pouvez soit retirer toute l’épargne en capital (en une fois, ou sur plusieurs années histoire de limiter la fiscalité), soit opter pour la rente viagère, soit les deux.

L’originalité du PER vient aussi de sa souplesse à l’entrée : vous pouvez choisir de renoncer à la déductibilité des versements, dans une pure optique d’épargne retraite. Un foyer peu ou faiblement imposé peut donc avoir un intérêt à souscrire un PER, à condition de réclamer expressément de renoncer à déduire votre versement à votre banquier, assureur ou conseiller financier. Dans ce cas, la fiscalité sera plus légère à la sortie, à l’âge de la retraite. Si vous choisissez la rente, l’abattement auquel vous aurez le droit sera bien supérieur à celui qui s’applique si vous déduisez vos versements (2). Si vous choisissez la sortie en capital, toutes les sommes que vous avez versées seront exonérées d’impôt, seuls les gains étant soumis à la flat tax. Alors qu’en déduisant les versements, toutes les sommes amassées sont soumises à l’impôt sur le revenu (et les gains à la flat tax).

Cette souplesse fait-elle du PER un véritable produit « grand public », quel que soit votre niveau d’imposition ? Si vous êtes faiblement imposé et que vous voulez épargner pour préparer votre retraite, le PER est un placement adéquat mais pas nécessairement un meilleur placement que l’assurance vie. Un PER et une assurance vie présentent le plus souvent des caractéristiques proches, en matière de frais, de supports financiers et d’options de gestion. Or l’assurance vie a l’avantage, vis-à-vis du PER, d’offrir davantage de liberté : en cas de besoin avant la retraite, vous pouvez piocher dans votre assurance vie, alors que seul l’achat de la résidence principale ou un accident de la vie (invalidité, surendettement…) vous permet de débloquer votre épargne avant la retraite sur un PER. A garder à l’esprit avant de souscrire !

(1) A hauteur de 10% du bénéfice imposable, auxquels s’ajoutent 15% de la fraction du bénéfice imposable comprise entre un et huit PASS 2020.

(2) En cas de déduction à l’entrée, c’est le régime de la rente viagère à titre gratuit qui s’applique, l’imposition étant équivalente à celle des revenus du travail. Sans déduction à l’entrée, s’applique le régime de la rente à titre onéreux, bien plus intéressant, seul 40% de la rente étant imposée si vous réclamez la rente entre 60 et 69 ans.